jeudi 31 décembre 2009

nickel chrome


Le Comité de Vigilance Brutaliste aurait depuis plusieurs mois réservé la salle.
Les invitations seraient parties en grand nombre dans toute la France et même à l'étranger.
Le carton aurait donné rendez-vous au Nickel-Chrome à tous ses membres le soir du 31 décembre 2009.
Fidèles parmi les fidèles ils auraient tout abandonné pour rejoindre la salle et venir fêter la fin de l'année en compagnie des autres amateurs de l'architecture moderne, de la ville et de sa représentation en images, films, vidéos, photographies et radio.
La fête aurait battu son plein lors de l'apparition de Max Raabe et son orchestre. Sur la piste de danse, déhanchements rythmés, bras levés et frottements divers mais polis auraient largement fait monter l'ambiance à son paroxysme.
Au milieu d'un fond musical débridé les conversations glisseraient sur la ressortie d'Architecture d'Aujourd'hui, les émissions de François Chaslin, le départ de certains pour Boston et pour d'autres le rêve de Brasilia.
Le bleu des néons devrait faire la place aux yeux brillants d'admiration pour le travail de Monsieur Parent au centre de toutes les conversation. Nombreux toast seraient levés à sa gloire éternelle.
On déciderait dans un élan de furie festive presque votive de rejoindre immédiatement Nevers pour une messe de minuit bétonnée.
Il faudrait d'abord danser et danser encore et même les pieds plâtrés des photographes trouveraient un moyen de battre le rythme.
Sur des écrans géants, les films de chacun et les photographies de tous seraient projetés.
On lirait à voix haute Bunker Archéologie, certains en connaîtraient des passages par cœur.
Quelle belle fête !
Et puis les douze coups de minuit achèveraient 2009 et 2010 viendrait enfin.
Tous les vœux comme le champagne couleraient en un flot ininterrompu. On lèverait son verre encore une fois à Claude Parent et on lui souhaiterait le classement de tous ses supermarchés. Accordé ! dirait le ministre. On lèverait son verre au casino de Royan et à sa prochaine reconstruction . Accordé ! dirait le ministre !
Les confettis tomberaient du plafond, les cotillons lancés de partout recouvriraient les costumes et les robes.
Et puis le jour viendrait avec le retour des fumeurs sortis sur le trottoir.
Les parents iraient alors voir si les enfants sont bien couchés.
Les autres, un verre vide à la main sortiraient doucement de la discothèque en petits groupes.
Tous se promettant au moins de se revoir un jour.
Le lendemain l'équipe de nettoyage de la salle trouverait sous un siège un carton d'invitation pour la fête. Sur le recto encore humide d'une tache de Martini Dry une photographie en noir et blanc de la Grande Motte recouverte d'un 2010 doré vraiment trop brillant et dans le sac poubelle l'image avec une indifférence générale serait alors recouverte des confettis, cotillons et dessous de verre.

La carte postale est une édition Grafcart, grafic édition pour le Nickel-Chrome de Rouen, 26 rue Saint Etienne des Tonneliers. Tél : 35 15 37 37
On ne sait jamais si vous vouliez vous y rendre...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je regrette de ne plus pouvoir lire vos chroniques.J'espère que tout va bien pour vous et j'attends votre retour avec impatience.