Imaginez que, avant d'avoir à réinventer la grotte à Nevers avec Monsieur Virilio, il avait dû se mettre au travail pour dépouiller la vraie grotte, celle de Lourdes.
Si les petites choses font les grands architectes alors Monsieur Parent est un grand architecte.
Regardez avec quelle minutie du détail, quelle douceur et quelle subtilité à la limite du vide, il a su redonner du merveilleux à cette grotte lieu fétichisé s'il en est.
Elcé 1958
Tout est en discrétion humble faisant du creux dans la roche l'œuvre et l'architecture.
Seule maintenant la foi habite ce lieu comme dans les absides romanes presque froides, nids de pierres noircies de fumée.
Tout juste 10 années séparent ces deux cartes postales : 1948, 1958.
La grille saute laissant le passage et redonnant aux pèlerins une circulation des yeux, des jambes et j'ose des genoux si on en croit le pénitent au premier plan de la carte postale Elcé.
Vous pourrez bien me dire que les différences sont faibles entre l'image du haut et celle du bas.
Oui et c'est bien ce qui honore le travail de l'architecte.
Pas de pompe, pas de fanfare tonitruante, rien qu'un travail de retrait, presque de rangement pour permettre enfin à ceux qui voient de voir sans barreau, sans dentelle, sans meuble. La grotte redevient cet écran de projection à espoir, chacun y envoyant son désir et sa compassion sans retenue et sans les ombres d'objets inutiles.
Même la très vilaine sculpture de la vierge y retrouve finalement sa candeur.
On admirera la simplicité de l'autel, géométrie simple aussi qui dit son utilité et ne se pare que des gestes de la liturgie.
Cette dernière carte postale en couleur chez Edlux éclaire la grotte et la fait voir dans son espace.
Une simple estrade fait comprendre au corps qu'il franchit un lieu pour quitter un paysage. On entre ici par cette petite marche. La nature est laissée sur les parois, dégoulinant d'humidité dans les anfractuosités verdies par les souffles. Ici je retrouve la peau du béton de Nevers imprimée des bois de coffrage. Pour le pèlerin les deux lieux sont à la fois ouverts et fermés. Il faut peu de chose pour le recueillement, la simplicité d'une forme, la réalité d'une matière et la vérité d'une pensée de l'espace.
Sans nul doute que Messieurs Parent et Virilio ont compris cela à Lourdes.
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