mardi 2 octobre 2007

anticipation



Imaginez que, depuis que vous êtes petit, tout fait signe à un avenir radieux;
l’an 2000 comme butoir à ce rêve, comme le maximum à attendre.
Votre père, assis tous les soirs, lit des récits de science-fiction aux couvertures remplies de robots, vaisseaux spatiaux et d’étranges créatures. Chaque fois que possible il vous indique ce que sera le monde bientôt et dans les revues de vulgarisation scientifique les articles vont dans son sens. La télévision suit ce mouvement et le mercredi vous regardez la vision un peu violente d’un Japon fabricant de mangas animés.
Le cinéma n’est pas en retard et lorsque les villes nouvelles sortent de terre tout le monde semble s’accorder pour vous prouver que vous adulte vraiment vous aurez cette vie extraordinaire de dématérialisation, de communication et de vitesse.
Je vous le dis tout est au diapason.
Et puis les centrales nucléaires explosent, le pétrole se fait cher, Renault débauche et la peur s’installe insidieuse. Rien ne va plus. Tout cela sans que vous ayez forcément les outils d’analyse. Vous voyez la peur partout, ce recroquevillement partout. Les couleurs vives des poufs, des papiers peints et des carosserie automobiles disparaissent, le gris métallisé se répand, la fête est finie, elle s’éteint mollement, une fête foraine à l’abandon.
Lorsque je trouve des cartes postales de la Grande Motte et d’un Naviplane en pleine vitesse, les manèges se remettent en route un peu, ma mère arbore à nouveau son ensemble vert pomme et il me semble que finalement mon père avait raison de distinguer l’anticipation de la science-fiction mais que peut-être, et comment lui en vouloir, nous avions mal anticipé.

La carte postale de la Grande Motte est une édition Combier non datée.
La carte postale du Naviplane est une édition Yvon imprimée par Draeger en procédé 301, une merveille. Elle est affranchie le 21 août 1974 à 18h.

2 commentaires:

C.C. Chrispic a dit…

Bonjour.

Félicitations pour votre blog magique! De vraies perles, et pour moi qui suit né en 1987, un moyen de m'émerveiller un peu plus sur ce grand projet que fut la Grande Motte. Je suis allé y faire un tour il y a une semaine et j'ai pris l'essentiel des bâtiments en photo, même si j'habite pas loin, c'est la première fois que je faisais un tel tour et la réalité rejoint tous les rêves entrés dans ma tête au fil des photos regardées sur Internet. La Grande-Motte, un projet qu'on ne verrait plus aujourd'hui, un rêve d'amérique, ces pyramides, toute cette nature, cet atmosphère tellement 70's et tellement dépaysante... je ne suis pas forcément un fan de l'architecture brutale des années 60/70/80, mais la Grande-Motte me fascine...

Moi qui n'a pas vécu ces années de rêve vers l'an 2000, c'est un plaisir de voir les cartes postales et vos commentaires, ça me transporte dans ce passé révolu et ça me laisse un sentiment bizarre... La Grande-Motte est toujours présente aujourd'hui, elle est bien la, mais quand je la vois dans le passé et que j'y pense, c'est comme un rêve... je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire, mais c'est simplement génial!

Je mettrais mes photos de mon tour à la Grande-Motte sur mon site dès que j'en aurais le temps.

Encore bravo pour votre blog!

Liaudet David a dit…

Je vois très bien ce que vous voulez dire. Merci à vous pour tous ces compliments et je suis heureux de savoir que les 20 ans d'écart me permettent tout de même d'aborder l'architecture sur le même pied que vous.
Si vous aimez la Grande Motte, vous finirez par aimer le brutalisme architectural et peut-être pour cela il faut passer par un lyrisme brésilien comme à Brasilia par exemple. Plus proche de nous, je vous conseille d'aller faire quelques tours à Royan.