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vendredi 6 juillet 2007
le grand ensemble de Mathieu Pernot
J’ai hésité longtemps.
J’ai hésité longtemps à vous parler de ce livre. Je crois en partie parce que je ne comprends finalement pas son contenu. Il s’agit du livre de Mathieu Pernot Le Grand Ensemble publié aux éditions le Point du Jour.
Ce livre sans contextualisation aucune, à part une petite note de l’auteur en fin d’ouvrage, nous propose des reproductions de cartes postales de grands ensembles de l’après-guerre, reproduites avec une extrême qualité à l’échelle, entrecoupées de vues d’implosions d’immeubles du même genre en noir et blanc, d’agrandissements de détails des cartes postales orientées uniquement sur les personnages qui errent sur ces images (forte présence de la trame, les rendant très picturaux) et à la fin de l’ouvrage les textes des versos des cartes postales.
Je jubile évidemment des images et elles me renvoient à mes propres recherches et à celles de Martin Parr. Mais que dois-je penser de ce rassemblement ?
S’agit-il d’une critique de ce type de construction ? Le titre de l’ensemble se nomme “le meilleur des mondes”. Est-ce encore une attaque en règle de l’architecture comme le fautif d’une situation dégradée ? Est-ce un regard mi-ironique mi-désabusé sur cette situation et sur une forme d’échec de la politique de ces quartiers ? Est-ce une nostalgie d’un bonheur qui a eu lieu et qui s’achève dans la dynamite ?
Les personnes photographiées sur les cartes postales et ici agrandies par l’auteur sont nommées témoins. Témoins de quoi ? Ne sont-ils pas des gens en train de pratiquer ces espaces, de les vivre ? Pourquoi aucune image des habitants actuels ? Je sais que l’on peut jubiler de ne pas avoir à vivre dans ce genre de lieu et à profiter de l’écran (distancié puisque écran) que représente la carte postale et je connais ce malaise qui nous met en porte-à-faux, à la fois admiratif de l’architecture (si c’est possible), déçu qu’elle soit aujourd’hui accusée, et heureux finalement de ne pas y vivre aujourd’hui en voyant dans la pratique de la lecture des cartes postales un moyen de retrouver une joie d’y vivre à cette époque des trente glorieuses. C’est aisé. C’est aisé d’en faire une esthétique, d'en dégager une beauté toute relative à la pratique de notre petit cercle d’artistes contemporains et de jouer avec l’ironie qu’il autorise. Mais aujourd’hui ?
Si j’aime pour ma part ces images c’est parce qu’elles m’assurent d’une modernité affichée, vécue, jubilée, d’une époque où on vivait son temps sans nostalgie, avec des erreurs, des rapidités, mais d’un élan sans faille. J’aime ces images parce que je sais que c’est du bonheur et rien d’autre, puisque ce sont des cartes postales et que les cartes postales sont faites, existent pour le bonheur et que je trouve incroyable qu’on ait pu à cette époque le placer dans ces objets architecturaux et urbains. Où est aujourd’hui la jubilation de notre époque ? Dans quel objet se place-t-elle ? Les SMS ?
Alors oui le livre de Mathieu Pernot est un beau livre. Oui il a rejoint dans le rayon de ma bibliothèque les ouvrages de Martin Parr. Mais de la pages 50 à 56 des immeubles s’éffondrent sous des explosions (images de guerre ?) et soudain page 59 une petite fille court comme échappant à l’explosion, fuyant le danger. Mais elle a le sourire aux lèvres et cela sauve tout et notamment le risque un peu léger d’une mise en page qui se voudrait (et je le crains) par trop politique. Je resterai sur ce sourire.
Le Grand Ensemble
Mathieu Pernod
Le point du Jour éditeur
isbn: 978-2-912132-5-9
29 euros
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1 commentaire:
Elles nous montrent des villes de banlieue française considérées, à cette époque, comme des symboles de modernité et de progrès." le meilleur des mondes", certes pour l'époque. Ces immeubles montrés comme des lieux utopiques sur ces cartes postales hyper-saturées, qui rapelle le procédé de cartes postales de vacances où l'on sature les couleurs , pour vous inviter à y aller.( je sais pas si j'ai été très clair?).
Donc des immeubles promus à un bel avenir, construits pour certainemnt des personnes à revenu "moyen".Ce quartier va donc évoluer pour un bien.
Et il y'a la dure réalité,l'avenir n'est pas comme il a été prévu. Des immeubles devenus insalubres, représentatif de la dégradation des conditions de vie des habitants. Et donc la seule solution n'est pas de sauver ce quartier, mais de le détruire pour reconstruire des habitations plus " habitables".
Il ne reste alors pour "seuls témoins" que ces personnes immortalisées, en même temps, que les immeubles pris en photographie.
Il serait interressant de retrouver la trace de ces personnes pour savoir ce qu'elles étaient venues faire dans ces quartiers? un livre qui je pense va m'intriguer et que je partirais après le week-end bien mérité, chercher à la médiathèque; Merci David.
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